Tanger sur orbite

Quelque trois cents participants venus de cinquante pays et de tous les horizons ont pris part, vendredi et samedi, à un colloque organisé à Asilah sur le thème « Route du monde et dialogue interculturel ». Le choix du sujet, celui ensuite du lieu et la participation significative de personnalités comme notamment Jianmin Wu, président du Bureau international des expositions (BIE), ne relèvent apparemment pas d'un simple aménagement de calendrier.

Tanger, puisqu'elle constitue aujourd'hui le fil conducteur d'une large réflexion menée à tous les niveaux, conserve sa puissante emprise dans l'imaginaire des peuples. Les interventions qui se sont succédé lors du colloque d'Asilah en témoignent avec une force rare. Tanger ne se défait nullement de son statut de poste avancé et de confluent.

Autrefois vestale des caravanes maritimes, elle devient aujourd'hui la « route du monde de la culture », tout comme « la route de la soie » ordonnait aux XVI et XVII siècles et au-delà les échanges entre nations. C'est une « cité monde » au sens braudélien du terme, qui voit de nos jours sa destinée transformée et, avec elle, une part grandissante du Maroc. Le président du BIE, lors de la visite organisée samedi pour sa délégation de la médina et du projet Tanger Med, n'a pas pu contenir sa grande surprise : Il a mesuré l'énorme avancée réalisée par notre pays entre sa première visite en 2002 et celle d'aujourd'hui et, bien entendu, il a tenu à l'affirmer.

Comme un miroir, elle porte sur les fonts baptismaux tout le projet de modernisation du Maroc, elle constituera à l'horizon 2015 un pôle économique de la plus grande importance pour tout le pourtour de la Méditerranée du sud. Cependant, au-delà de la candidature de la ville à l'Expo universelle 2012, au-delà aussi des retombées multiples que l'on en escompte , se dessine en filigrane , avec cohérence et pertinence l'axe territorial du Nord : Tanger, Asilah, Tétouan, Fnideq, Larache. Cet « espace territorial », surgi maintenant comme un promontoire de croissance exponentielle n'a pas attendu la décision du BIE pour avancer. Il est déjà en marche, grâce à une vaste et impérative mise à niveau, menée au pas de charge aux niveaux économique, social, urbanistique, humaine, touristique et culturelle.

D'ores et déjà – et tous les experts internationaux ou les simples visiteurs en conviennent avec objectivité – nous assistons à l'émergence de ce deuxième pôle de développement marocain qu'est devenu le Nord. La toile autoroutière, les infrastructures industrielles, portuaires et touristiques, la « route virtuelle » des NTIC témoignent, à l'évidence, d'une furieuse lancée synergétique de la région sur orbite de Tanger.

Source: LE MATIN, 27.05.2007